Sam Neua

Je ne vous ai pas encore parlé de mes rencontres avec les laotiens.

A Vieng Thong, rien à faire à part, d'après le guide, des sources d'eau chaude. Nous voilà en chemin, moi en maillot short imaginant de beaux bassins aménagés de différentes températures comme j'avais vu en Australie. Que neni ! En fait, c'est un parc tout mignon traversé par un ruisseau d'eau bouillante, imbaignable... les laotiens viennent y pique niquer et font cuire leurs oeufs... dans le ruisseau ! Finalement, on a acheté des oeufs à l'entrée pour faire la même chose (10 min de cuisson, c'est dire la température...). Un groupe d'une quinzaine de personnes essentiellement composé de femmes nous invite à partager le pic nic :-). Nous voilà ravis mais bien sûr impossible de communiquer à part à une prétendue prof d'anglais qui parle moins bien que moi, c'est dire.... La Beerlao aidant, les fou-rires fusent, on nous offre de l'incontournable Beerlao, graines séchées, fruits verts (beurk!)... Me voilà en train d'essayer d'aligner 3 mots laotiens et ces mesdames s'esclaffent à nouveau :-D !

Un jour, me promenant au marché de Sam Neua, un jeune homme laotien de 20 ans qui déjeune avec sa petite amie m'accoste pour savoir si j'ai besoin d'aide. De fil en aiguille, je m'aperçois qu'il parle un très bon anglais, il m'invite à m'asseoir avec eux pour papotter. La jeune fille ne parle pas un mot d'anglais, la situation est un peu gênante et durera tout le séjour. Finalement, il me montre le magasin où travaille sa copine. Le garçon est très bavard et veut vite devenir "mon ami", je trouve ça un peu étrange et rapide mais finalement il s'avèrera que c'est quelqu'un de très direct qui a peu de barrières et est très communicatif, trés intéressé par ce qui se passe hors de son pays. Le soir, son bof, travaillant dans une ONG française et parlant également un excellent anglais, nous invite au resto. Soirée très agréable ou nous mangerons des oreilles de porc grillées, pas mauvais du tout ! Et le lendemain, je m'invite à une compétition entre élèves qui dansent et chantent de façon traditionnelle dans son lycée. J'ai adoré comme les jeunes garçons laotiens se sont rués sur nous à notre arrivée, certains nous harcelant de questions en anglais pendant que d'autres nous observaient fixement, bouche bée comme s'ils n'avaient jamais vu un homme blanc... j'ai même failli observer un cours de math laotien, j'aurais adoré, mais le prof étant aussi le proviseur, il était occupé :-(... ça restera une belle rencontre spontanée que je n'oublierai pas :-) !

Après notre visiste des grottes servant de refuge aux hommes politiques pendant la guerre (et oui, il n'y a pas eu la guerre qu'au Vietnam et Cambodge mais aussi au Laos pendant 9 ans (1964 à 1973)...), me voilà à nouveau accostée par un jeune lycéen, encore plus jeune. Non je vous entends jaser de là, arrêtez, je ne fais rien du tout, ils viennent à moi... Lui aussi m'a posé tout un tas de questions assez scolaires en anglais avant de m'inviter carrément chez lui au bout de 5 min ! Franchement, si je n'avais pas eu mon bus à prendre j'y serai allée sans hésiter. Voir une maison laotienne, voir comment les gens vivent m'aurait beaucoup intéressée. Cet absence de méfiance de l'étranger, cette spontanéité naturelle m'ont vraiment étonné/estomaqué. C'est là qu'on sent que ces lieux ne reçoivent que très peu de touristes et qu'il n'y a pas de criminalité. Imaginez-vous à Marseille inviter chez vous un parfait inconnu à qui vous n'avez parlé que 5 min... Impossible !

Bien un peu de divertissement : celui ou celle qui devinera le nom de ces fruits et ce qu'il y a dans mon assiette gagnera un bisou.

C'est avec un pincement au coeur que demain je quitterai le Laos pour le Vietnam. Ce séjour a vraiment été authentique, les gens touchants...

Je ne peux pas résister et vous conte donc le trajet en car Sam Neua/Than Hoa.

Après avoir fait le tour de la ville pour charger toute sorte de choses : des sacs d'oignons, de prunes, des colis à livrer, des paquets d'ouvriers vietnamiens... nous voilà 35 dans un car de 22 places ! Les vietnamiens sont assis/couchés dans le coffre, ou assis recroquevillés au centre du bus, assis sur un pot de peinture ou encore entassés à l'avant... 

Pendant tout le trajet, nous jouons à Tetris avec nos corps. Les gens s'endorment les uns contre les autres. Mon voisin accepte non sans montrer son excitation mon épaule gauche avec coussin improvisé pour s'assoupir.

Mon épaule sous la tienne, mon épaule sur la tienne, mon bras sur le tien, tiens tu soulève tes genoux, j'en profite pour glisser ma jambe gauche en dessous pour me détendre un peu, ta tête sur mon épaule, ma tête sur ta tête, mon pied sous le tien, ton pied sur ma jambe... 

Passé la frontière vietnamienne, la route devient très terreuse et poussiereuse. Un vrai enfer ! Bien entendu pas de clim', toutes les fenêtres sont ouvertes... et c'est là que commence un nouveau jeu (il faut bien s'occuper) : je ferme la fenêtre, j'ouvre la fenêtre, je ferme la fenêtre, j'ouvre la fenêtre... ce qui ne sert pas à grand chose car je finirai le trajet couverte de poussière terreuse, une sensation d'en avoir jusqu'au fond des poumons et dans les oreilles... certains toussent, d'autres mettent un masque devant leur bouche et leur nez, je maintien mon foulard blanc devant mon visage pour filtrer l'air.

A partir du Vietnam, me voilà seule, libre comme l'air, j'ai l'impression d'être un petit oiseau au printemps, tout léger et joyeux qui se laisse porter par le vent. Une nouvelle aventure commence, un nouveau voyage qui me mènera, je l'espère, au dessus des nuages, là ou le ciel est toujours bleu, là où le soleil rayonne toujours...

Comments

[Yohan]

Slt, je suis actuellement a Sam Neua, si c'est autant poussièreux que ça je vais p.e prendre un masque (je voyage à vélo).



Sympa l'article.



Yohan